Maridan-Gyres

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La maison abandonnée

 

 

 

La maison abandonnée

La blessure est en moi inextricable. Cette nuit-là, en perdant mon amant, j’ai perdu mon âme. Je ne suis qu’un temple vide où aucune lumière ne brillera jamais plus. J’ai banni pour toujours toutes rencontres ultérieures. La glace qui enserre mon cœur me protègera de tout.

 

Cet homme, en plus d’être un merveilleux amant, avait fait naître en moi le désir de l’amour que je rejetais de toutes mes forces jusque-là ! Mon corps est glacé, alors que mon cœur brule d’une haine féroce. Une rose séchée m’accueille lorsque je suis de retour chez moi. Enfin seule ! Je laisse tomber le masque. Et songe avec délectation à ma vengeance.

 

Moi j’ai tout perdu, mes bras, mes jambes, mon cœur qui n’était pas en plastique. Aujourd’hui, il est de pierres. Je n’ai plus de désir, je l’ai enseveli au fond du jardin. J’aurais aimé avoir le courage de rejoindre la Voie lactée, de m’éparpiller en poussières d’étoiles, mais je ne suis pas encore prête à ce grand voyage. La vie continue à circuler dans mes veines par-delà et au-delà de moi.

 

J’aurais pu mourir de chagrin ce jour-là, mais en quittant mon jardin, j’ai su que j’allais vivre une nuit éternelle et glaciale. Mon unique désir, mon seul amour, est parti pour une femme bien plus jeune que moi. Ma chair meurtrie hurle au ciel le manque cruel et ma volonté de ne plus en souffrir.

 

En rentrant de chez lui, je marchais longtemps, longeant les rues endormies. La nuit était aussi profonde que les méandres de mon cœur abimé. J'étais enfoui dans les tumultes de ma colère quand je fis cette étrange rencontre. Une maisonnette me tendit une main morte qui cependant m’attira inexorablement et par je ne sais quel miracle, j’entrevis soudain, la guérison possible de la terrible blessure. Pourquoi ? Je ne saurais le dire !

 

Était-ce ses volets délabrés, cette incroyable glycine qui soulevait son toit ? Le lierre qui mangeait sa pauvre façade décrépie ? Je voyais la beauté derrière cette maison délabrée. En pénétrant dans le jardinet débordant de ronces, je sus qu'un jour où l’autre; je renaîtrais à la vie entre ses murs. Je ferai de ce lieu, le paradis qui me rendrait ma vitalité, et effacerait tous les outrages. Comme moi, elle avait été abandonnée, elle serait l’unique bénéficiaire de ma colère et soudain, la joie m’envahit.

 

Maridan Gyres 17/01/2015

 



17/01/2015
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