Maridan-Gyres

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Au revoir mon ami...

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Ce soir, j’ai le cœur qui s’enlise. Mon frère m’a envoyé un sms pour m’annoncer la mort prochaine d’un ami d’enfance. Nous en sommes là, plus de mots pour partager un chagrin. Alors mes mots, je vais les coucher sur cette page blanche. Je vais vous parler de celui qui fut un merveilleux ami et que j’ai toujours considéré comme un petit frère.

 

Vous parler de Pascal c’est aussi parler de son père et du mien. Nous avions tous les deux des paternels pas ordinaires. Celui de Pascal était fossoyeur. Est-cela qui avait fait de lui un joyeux drille, je ne saurais l’affirmer, mais c’était un curieux personnage. Hilarant pour nous, sans doute beaucoup moins pour son fils.

 

Moi, je l’appelais le Viking, car blond avec des bacchantes qui lui tombaient sur le côté. Il avait des trais communs avec ces féroces guerriers. Avec lui, c’était des parties de tarot endiablés agrémentées d’histoire de croque-morts. Nous partagions des crises de fous rire. Cinquante ans plus tard, j’entends encore son rire sonore ainsi que ceux de Pascal et papa.

 

Mon ami a hérité de ce rire contagieux. Celui sans fioriture, le sincère, le vrai, celui qui émane du ventre. Que de rires nous avons partagés. Entre nous, nous l’appelions la chèvre, car je ne connais personne qui ait accumulé autant de malheur en aussi peu de temps. Même Pierre Richard était une piètre chèvre à côté de lui. Une bonne journée, me disait-il, c’est une journée où je prends un procès-verbal !

 

Certains me disaient qu’il possédait un petit grain de folie. Je ne l’ai jamais vu, pour moi, c’était avant tout un bon vivant. J’aimais entendre son rire au bout du téléphone. Il arrivait en riant et me disait : « alors ma grande, comment va ? » Il a traversé tant de turbulences que je ne saurais les énumérer ici. Il changeait de copine  assez souvent, c’est que le bougre avait une belle bouille et un bagou incroyable. Il vous roulait dans la farine avec un sourire angélique. Pas besoin de lui faire de la publicité pour une sortie, si cela vous plaisait, il était toujours partant. Les sorties en boîte, tous serrés les uns avec les autres à chanter à tue-tête « allez les verts, qui c’est les plus grands, évidemment c’est les verts, etc… » Et puis j’ai quitté la région et nous nous sommes perdus de vue.

 

Un jour, sa fille m’a envoyé un message pour m’annoncer que le crabe l’avait pris dans ses filets. J’étais moi-même entre ses vilaines pattes, alors je l’ai appelé et le fil qui s’était distendu ces trente dernières années, s’est relié immédiatement. Nous avons beaucoup ri. J’ai retrouvé avec plaisir mon pote et le joyeux drille de mes souvenirs. Puis la camarde a tendu ses filets l’entrainant petit à petit vers elle. Alors j’ai osé lui parler de ce que je crois profondément.

 

De l’amour qui nous relie tous. De ce fil invisible que certains essaient avec acharnement de détruire, mais que d’autres, au contraire, retissent inlassablement. L’amour pour unique voie. L’amour pour unique Dieu, car c’est la seule voie possible, la seule qui nous conduit tous, un jour ou l’autre, vers l’au-delà, sans peur et sans reproche.

 

Je lui ai raconté, comment mon père et moi avions fait la paix avant qu’il ne nous quitte et comment, il était revenu après sa mort pour me dire qu’il s’était trompé, que rien ne s’arrête et qu’un jour, nous nous retrouverions.

 

J’ignore si mes mots l’ont apaisé, mais je l’espère. Même usé, fatigué et pris par les douleurs, mon copain de toujours gardait l’envie de rire, mais j’ai senti que son courage l’abandonnait. Je n’ai pas eu le bonheur de l’entendre une dernière fois.

 

Alors me voilà mon lapin, je les écris mes maux par ces mots qui, je le sais, te parviendront. Tu es et tu as été un merveilleux ami, je t’aime mon Loulou, et moi, je le sais, tu seras là pour m’accueillir. Alors je te souhaite un bon voyage et surtout n’oublie pas ceci….

 

Les gens que l’on aime ne nous quittent jamais, ils restent au chaud... au fond de nos cœurs et entendent notre appel lorsque nous finissons par les rejoindre. Au revoir mon ami et à bientôt.

 

Marie 2/02/2020



31/03/2020
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