Maridan-Gyres

Je me souviens avoir toujours été un peu couard. Cette année là, l'hiver était arrivé tôt. Les feuilles avaient commencé à tomber. Bien que frileux, j'eus la force de porter sur mes frêles épaules les fagots de bois que ta pauvre mère, la courageuse Fanny avait posés sur son dos. Il faut dire qu'elle était coutumière du fait. L'huile de coude ne lui manquait pas !

Qu'il pleuve, qu'il vente, elle était toujours la première à prendre sur elle pour aider les vieux du village que d'autres abandonnaient sans pitié.

J'aurais aimé avoir son courage, mais moi, j'étais plutôt du genre à courir pour éviter les coups de trique de mon père qui aimait un peu trop me couvrir la couenne avec son fouet.

Aujourd'hui, à l'abri derrière ma fenêtre, je vois ce couillon qui renifle parce que la Fanny s'est fait mordre par une couleuvre et que la peur lui a fait faire une crise cardiaque.

Il n'y aura plus personne pour lui servir son dernier coup à boire.

Maridan

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