Maridan-Gyres

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Mon père

J’aime mon père comme lorsqu’il était parmi nous. Pas un jour sans qu’il ne m’accompagne. Je le sens souvent posé, là, sur mon épaule à me chuchoter au creux de l’oreille le conseil qui va m’aider à passer l’obstacle.

Quel personnage que cet homme là!  Adolescente, tous mes amis l’adoraient. Il organisait des tournois de tarot à la maison. Mes copains arrivaient vers quinze heures et le lendemain à neuf heures nous y étions encore. Il était le seul père de notre groupe de potes à jouer ainsi avec nous.

Quand nous en avions assez du tarot, où il excellait et gagnait tout le temps, grâce à sa fabuleuse mémoire, il nous entraînait vers le bowling où nous finissions bien souvent la journée, épuisés mais heureux de ce bon moment.

Il a été le gardien bienveillant de mon enfance, l’ami des jeux de mon adolescence et le grand-père chéri de mes enfants.

Il avait cessé de fumer depuis vingt et un an quand le cancer l’a rattrapé. Il a mené ce combat comme un champion. Malgré les douleurs, malgré le syndrome de Lambert Eaton qui lui a immobilisé les jambes, jamais nous ne l’avons entendu se plaindre. Jusqu’au bout nous avons joué au tarot. Jusqu’à la dernière limite, il nous a réconfortés. Nous répétant sans cesse, que la mort est une échéance inéluctable pour chacun d’entre nous. Mais que lui, il avait eu une vie magnifique avec la femme qu’il aimait plus que tout et ses enfants chéris.

"S’il existe quelque chose après, je trouverai le moyen de vous le faire savoir", nous disait-il sans cesse. Il était viscéralement athée et malgré cela, il a tenu sa promesse. Aujourd’hui, je sais qu’au bout de ma route il sera là, à m’attendre et avec lui tous mes chers disparus.

Lundi 3/12/2012



15/01/2024
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