Maridan-Gyres

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Giverny

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Mes pas m’avaient conduit en ce lieu. Dix ans que je rêvais de venir ici. Dix longues années à voir sur internet les photos de ce merveilleux jardin. Mais je n’étais pas venu pour cela. Non, ce qui m’avait conduit en ce lieu au bout de dix ans d’attente, c’était la mort subite d’une tante que j’aimais beaucoup et que la distance m’avait conduite à ne plus voir aussi souvent que je l’aurais voulu.

Nous avions pris la route la veille des funérailles, car ma maladie nécessitait que nous fassions de très nombreuses pauses entre Montpellier et Paris. Les douleurs qui me traversaient le corps, tout le temps que dura ce trajet, faillirent me conduire à renoncer. Mais je ne pouvais pas faire cela à la première personne de cette famille à m’avoir accueillie, bras grands ouverts.

Finalement, à force de volonté, j’étais parvenue à faire le voyage en une journée seulement. Le lendemain le corps en miettes, j’avais demandé à mon époux s’il serait possible de nous rendre à Giverny, ce à quoi il obtempéra avec joie, juste pour me faire plaisir.

Arrivés à Giverny ce qui me frappa le plus, ce fut la magnificence des maisons qui entouraient la propriété de Claude Monet et notamment, ce que je découvris pas une porte entrouverte.

Face à moi se dressait une statue d’albâtre dénudée tenant à la main une pomme, comme Ève en son jardin s’apprêtant à la croquer.

Tout autour de sa blancheur diaphane, un jardin luxuriant faisait un écrin à sa beauté, et alors que l’instant d’avant, je n’aspirais qu’à découvrir le magnifique jardin de Claude Monet, je stoppai nette mon avancée et me figeai dans l’admiration muette de cette beauté figée pour l’éternité. Des mots sont alors venus effleurer mon âme et je vous les offre ci-dessous :

 

Résiste, ma belle éphémère,

Ne te laisse pas séduire par cette chimère

Qui n’a d’autre but que de te perdre.

Allonge-toi au pied du vieux cèdre

 

Laisse le vent caresser ton corps

Et l’onde rafraîchissante murmurer encore

Que la vie n’est pas cette attente figée,

Mais d’être en ce jardin, près de l’être aimé.

 

Alors le malin s’en ira au loin

Cessant de te tenter en vain

Car que vaut une simple pomme

Si tu peux embrasser ton homme

 

Le mirage, une fois dépassé

Tu comprendras à quoi tu as échappé.

La vie n’est qu’amour, pas convoitise.

Et s’envolera alors ce qui n’était qu’une bêtise.

 

 

 

Maridan 1/08/2015



20/05/2016
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