Maridan-Gyres

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Apprendre à se détacher des espoirs inutiles

Un jour quelqu'un vous bouscule et on s'aperçoit que l'on a passé sa vie à attendre un événement qui n'arrivera jamais. On le pressentait, mais comme il y a en nous cet être obstiné qui n'abandonne jamais, on s'y est accroché bec et ongles, de toute sa volonté, on y a usé des trésors d'énergie et au final, il nous reste au fond de la bouche ce goût amer des espoirs déchus.

 

Mais faut-il pour autant être déçus? N'est ce pas la plus belle preuve que tout n'est pas perdu? Enfin quoi ! Nous ne sommes pas morts!

 

Alors qui nous empêche de passer à autre chose? A quelque chose de constructif ou qui nous plaise vraiment pour une fois.

 

Prendre un peu de temps, un tout petit instant volé à l'éternité pour se retrouver, se reconnaître et peut-être apprendre un peu à s'aimer.

 

La vie est ainsi jalonnée de petits cailloux qui entravent notre route jusqu'à devenir cet énorme rocher qui occulte toute notre vue. Alors quand, par un hasard facétieux, le bloc qui nous aveuglait disparaît brusquement, cet horizon sans limite nous paraît soudain effrayant et déstabilisateur, vers quoi diriger nos pas ?

 

Il arrive qu'il y ait une apparition pour comprendre ceci : dans la vie ont fait parfois de belles rencontres, ce sont des elfes malicieux qui sans en avoir l'air chamboulent tout sur leur passage. Ils peuvent y apporter de l'amour, de l'amitié, mais quelquefois c'est plus subtile, une écoute, une voix qui traverse les limbes où nous nous étions égarés, une main qui se tend, un regard qui se pose, une étreinte fugace et pourtant pleine de tant de réconfort qu'on en a envie de pleurer.

 

Pendant toute ma vie, j'ai attendu cette reconnaissance de la seule personne qui ne pourra jamais me la donner. Non pas, parce qu'elle ne m'aime pas, mais tout simplement parce qu'elle n'a pas appris à le dire et qu'à son âge, il lui est difficile de faire marche arrière. Elle a de ces accès de tendresse qu'elle refoule aussi vite qu'ils se présentent, avec gêne avec pudeur, parce qu'on ne lui a pas appris à le faire, et qu'à 75 ans c'est un effort insurmontable pour elle.

 

Alors j'avais pris l'habitude de ne pas m'aimer et par là, j'ai donné tant d'amour aux miens que parfois, ils ont du se sentir étouffés. Aujourd'hui pour la première fois je me sens pousser des ailes.

 

C'est grisant mais également très effrayant.

 

Maridan Gyres 2011



13/08/2014
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