Maridan-Gyres

Début de l'histoire :  http://maridan-gyres.blog4ever.com/presentation-des-quatre-personnages

Véronique s’éloigne vite en riant encore. Patachou qui a remarqué, lui aussi, ce nouvel éclat dans les yeux de la jeune femme pense qu’elle reprend enfin goût à la vie et que finalement ces vacances au rabais ont l’air de profiter à tous les voyageurs.

Soudain, une idée lui vient et il file rejoindre sa cabine au pas de course. Il tient un nouveau chapitre pour son histoire et il ne tient pas à ce qu’il s’envole. A peine assis à son bureau, il s’empare d’un nouveau cahier et commence à noircir les pages avec fébrilité. Il restera là jusqu’à ce que ses yeux se ferment.

Véronique

De retour à sa cabine, Véronique prend une douche rapide, puis elle pose une légère touche de maquillage sur son visage. Deuxième fois qu’elle se maquille depuis qu’elle est à bord. C’est plus que les cinq dernières années.

« Est-ce bien raisonnable ? Songe-t-elle. Oh et puis après tout, elle s’en moque. Demain sera une autre page, mais cette journée n’a été que positive et elle ne tient pas à rompre le charme de ce jour qui s’achève.

Elle va profiter de chaque instant et ce soir après son dîner, elle attaquera la lecture du premier cahier de Patrick. Elle est sûre qu’il doit bien écrire, c’est sans dû à sa façon de s’exprimer. Il parle si bien, s’il écrit de la même manière, elle sait qu’elle ne s’ennuiera pas et qu’elle prendra plaisir à lire son texte. Elle se regarde dans le miroir de la cabine et se reconnaît à peine. C’est une femme épanouie qui lui fait face. Machinalement elle se sourit. Il y a bien longtemps qu’elle ne s’est sentie aussi bien.

Son regard se pose sur le tableau emballé. Un rapide coup d’œil à sa montre lui apprend qu’il lui reste quinze minutes à tuer avant son rendez-vous. Lire le premier cahier de Patachou ou regarder une fois encore son tableau ? Le choix est vite fait. Avec précaution, elle déballe la toile. Si elle avait choisi le cahier, elle n’était pas certaine de pouvoir interrompre sa lecture. Elle pose le tableau sur sa coiffeuse.

Le miracle opère à nouveau. L’enfant la regarde, du moins c’est ainsi qu’elle l’imagine. Son regard désabusé. Son petit corps vouté sous la charge qui lui brise le dos. Une fois de plus, elle a envie de le soulager de son fardeau. Une fois encore ses tripes se sont nouées. Et moi mon enfant… subit-il, lui aussi, les affres d’une vie de misère.

« Zut ! Mon rendez-vous ! » Dix-neuf heures dix minutes. Elle sera en retard et elle a horreur de cela. Après un dernier regard à sa toile, elle part en courant rejoindre le bar où Yves doit déjà l’attendre.

Amusé il la voit arriver en courant les joues rougies par l’effort.

-          Je suis désolée Yves. Je n’ai pas vu le temps passer. Je vous prie de bien vouloir m’en excuser. Consternée elle le voit éclater de rire.

-          Bon ! Et bien te voilà repartie sur le vous. Pas de souci ma chère Véronique. Tout homme civilisé sait que femme varie. A plus forte raison lorsqu’il s’agit de respecter un horaire. Dix minutes ce n’est vraiment pas dramatique. Par contre, je préférais le « Tu » de cet après-midi.

-          Pardonne-moi, j’ai horreur d’être en retard. Et dire que je ne voulais pas lire le premier cahier de Patrick par peur de me laisser absorber.

-          Qu’est-ce qui a bien pu te retenir alors ?

-          Un tableau que j’ai acheté à Marbella pendant l’escale.

-          Un tableau !

-          Oui, un magnifique portrait que j’ai acheté à un jeune peintre cubain.

-          Il faudra me montrer cette toile qui m’a volé dix minutes de mon rendez-vous. Une fois de plus, il la voit se crisper.

-          Allons détends-toi, je plaisante.

Son sourire amusé la rassure et elle finit par se détendre. C’est bras dessus, bras dessous qu’ils se rendent à la table que leur désigne le maître d’hôtel.

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