Maridan-Gyres

Maridan-Gyres

Suicide

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Mais comment peut-on deviner les causes d’une panique qui vous étreint ? Certains ont du nez, soit qu’ils aient une prémonition, soit qu’ils aient déjà lu cela dans un livre. 

L’ange de pierre le fixait du regard tandis que ces pensées hirsutes se bousculaient dans sa tête. Celle-ci fut bientôt la proie d’une douleur lancinante. Un livre ne vous prépare pas à affronter la vie. C’est juste un murmure qui caresse à votre oreille une mise en garde légère, éphémère. Et bien souvent, vous n’y prêtez pas attention. 

Il prit un verre de l’eau des sources, la seule à pouvoir étancher sa soif dévorante. Tout autour de lui, enfin ! Le silence, comme un ami fidèle qui lui permettait de recentrer son attention sur le danger qui rodait près de lui. L'eau qui clapotait lui semblait une berceuse destinée à endormir sa vigilance.

 

Alors à son tour, il y a eu comme un murmure qui échappa à ses lèvres, il devrait courir, rejoindre le moulin et s’y cacher, là-haut, il pourrait voir venir.  Comme les figures rêvées de ses nuits, celles des anges gardiens qui veillaient sur son sommeil. Sentinelles vigilantes de ses cauchemars oppressants. Mais comment fuir quand la culpabilité vous cloue déjà sur place ?

 

La sanction serait-elle de disparaître entre les murs de ce moulin, avalé au cœur de ce salon qu’il aimait tant ? Il savait que sa punition serait céleste ou ne serait pas, alors il y aspirait dans le silence qui l’oppressait.  Il ne voulait plus vivre ses jours sans lendemain, dans le vide sidéral qui l’entourait. Il scruta son moulin, lieu de tant de plaisir autrefois. Aujourd’hui, une demeure sans âme, sans vie, figée pour l’éternité dans sa gangue de pierres.

 

Terminées les histoires de salon. La comédie n’avait que trop duré. Il devait profiter du hasard qui l’avait conduit en cet endroit, poussé par il ne savait quel tourment. Si une issue était possible, il la trouverait.  Lentement, il regarda par le trou de la serrure si personne n’approchait.

Derrière une fenêtre, on aurait pu voir sa silhouette, mais derrière cette porte, il était à l’abri. À moins de trois mètres, l’eau de la rivière coulait avec force, comme si les flots eux-mêmes savaient ce qui se jouait ce soir. Il suffirait qu’il plonge et advienne que pourrait. Mais aurait-il ce courage ? Il ferma les yeux, ouvrit la porte, courut à en perdre le souffle et plongea.

La dernière image qu’il vit fut le visage souriant de son amour qui l’avait précédé dans cette chute-là, la boucle était bouclée et les amants enfin réunis. Plus jamais les ombres ne viendraient troubler son sommeil.

 

Maridan 8/03/2015

 

J'ai écrit cette histoire à la suite d'un jeu littéraire que j'ai trouvé ici :

http://www.zulma.fr/jeux-litteraires.html

 



08/03/2015
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