Maridan-Gyres

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L'amant de Mireille Sorgue

Ce livre, je l'ai lu à 18 ans et il m'a éblouie. Puis je l'ai prêté et on ne me l'a pas rendu. Alors, vingt ans plus tard, à nouveau je l'ai trouvé sur le net et je l'ai racheté. J'ai tellement aimé ce recueil de poésie et de proses sur l'amour qu'à nouveau au cours d'un atelier d'écriture, j'en ai parlé, je l'ai prêté à nouveau, et aujourd'hui encore, j'espère qu'il me reviendra.

 

Si par bonheur vos pas vous conduisent un jour devant cet ouvrage, achetez le et savourez le comme l'un des plus beau texte que j'ai lu sur le bonheur d'aimer. L'amour, mais aussi la vie.

 

"L'Amant de Mireille Sorgue est de la lumière mise sur papier. Long poème fragmenté, mêlant prose et poésie, ce livre n'existe pas. Il s'est achevé lorsque Mireille Sorgue est tombée du rapide Paris-Toulouse, le 17 août 1967. Elle avait 23 ans :"Je crois que la mort seule peut me finir mon enfance/ Je crois que la mort m'éternisera dans l'enfance". Fille un peu garçonne, elle entre dès quinze ans première à l'École normale d'Albi. À 17 ans, très sérieuse (elle aime se lever à l'aube et sa vie semble régie par une rigueur janséniste), elle remporte le premier prix de français au Concours général. Un inspecteur de l'enseignement la remarque, c'est François Solesmes et ce sera l'Amant.
Le dédicataire des Lettres à l'Amant ne lira les pages ici rassemblées (hormis Célébration de la main envoyée à l'éditeur Robert Morel) qu'à la mort de Mireille Sorgue. L'Amant n'est pas un livre mais la trace d'un projet sans fin et d'une vie fugitive et incandescente, brûlée tout entière à l'amour. Amour de l'homme, mais plus encore amour de la vie, amour d'être au monde et de s'y laisser dissoudre, transports en soi et hors de soi mêlés : "Il lui semblait qu'elle rejoignait son coeur même, son coeur qui n'était pas en elle, mais autour d'elle, son coeur qui l'enveloppait par tous les gestes qu'elle faisait." Rassemblés en un volume, les feuillets épars laissent voir une exigence d'écriture (que les extraits de lettre rassemblés en fin d'ouvrage confirment) à la hauteur de l'amour accueilli. La langue épouse son objet comme certaines mystiques ont pu épouser le Christ : les mots ne décrivent pas l'amour, ils le font advenir en même temps qu'ils le tiennent à distance dans une tension qui fait que naît l'écriture : "Qu'il soit enfin parti, pour qu'elle puisse recommencer à l'attendre, se disposer à le revoir, tout préparer pour son retour." Et écrire, bien sûr, jusqu'à ce que se mêlent l'amour et son récit, l'amant et son attente.
"Si je parle nous sommes deux"
 : et ce livre qui n'existe pas sera pour longtemps le livre de chevet des amants. Et de ceux pour qui la littérature compte."



16/03/2015
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